Historique

 

C’est à la suite de la désinstitutionnalisation et avec la mise en place de ressources dans la communauté que Projet Suivi Communautaire voit le jour. La désinstitutionnalisation provoque une fermeture massive de lits dans les hôpitaux psychiatriques, ce qui amène des patients bénéficiant de leurs services depuis plusieurs années à quitter les murs des hôpitaux. Pour assurer un suivi, des cliniques externes sont mises en place, mais on fait le constat qu’il est difficile de maintenir un lien continu avec ces personnes. En l’absence de soins soutenus, ces gens se retrouvent dans les urgences psychiatriques de façon cyclique. C’est le syndrome de la porte tournante. L’organisme naît d’un désir de la communauté d’offrir des services plus proches des gens dans leur milieu de vie. En effet, en 1984, le comité consultatif du Sud-Ouest composé alors de membres d’organismes communautaires, d’usagers et de personnes provenant de l’hôpital Douglas élabore ce qui va devenir Projet Suivi Communautaire.

C’est donc avec l’appui de la communauté ainsi que l’expertise des différents partenaires que s’actualisent les grandes orientations de ce projet. En 1985, le comité d’implantation se transforme en conseil d’administration. Il obtient une charte d’organisme à but non lucratif le 18 mai 1986. Lors de cette première année, trois agents de suivi amorcent l’expérience de terrain, alors que la coordination centre son énergie sur la structure de l’organisme.

Rapidement, PSC reçoit le mandat de soutenir les mises en place de nouvelles ressources dans la communauté ; notons entre autres les centres de crise de l’Autre Maison et de l’Ouest de l’Île de Montréal, le groupe d’entraide Centrami, le centre communautaire en santé mentale Expression Lasalle, le PABEMSOM (Association parents et amis.es du bien-être mental du Sud-Ouest de Montréal), CADRE (ressource d’intégration au travail) et les Habitations d’Aragon-Jogues. Parallèlement au développement sous-régional, l’organisme continue de travailler sur le terrain à l’élaboration de la pratique du suivi communautaire. En 1989, l’obtention du prix Persillier-Lachapelle (prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux) vient souligner l’excellence des services développés.

En 2004, l’organisme développe une nouvelle expertise initialement appelée l’intégration dans la communauté. À sa création, ce service avait comme objectif d’aider les personnes vivant dans le réseau des ressources résidentielles de McGill-Douglas à intégrer la communauté en déménageant dans un milieu de vie plus autonome. Maintenant connu sous le nom de service d’intégration en logement, le service a évolué et s’adresse désormais à toute personne éprouvant des problèmes de santé mentale et désirant faire une démarche d’intégration à la vie en logement et en communauté.

En 2013, l’équipe d’intégration au logement commence l’ébauche de ce qui sera Projet Habitation communautaire. En 2020, le projet d’habitation Les Écluses ouvre ses portes dans Pointe-Saint-Charles. Projet Suivi Communautaire offre le suivi communautaire en logement pour les 16 logements du projet.

Projet Suivi Communautaire est maintenant un acteur dynamique dans le Sud-Ouest de Montréal, qui travaille avec les personnes vivant des problèmes de  santé mentale pour contribuer à leur mieux-être et améliorer leurs conditions de vie. Faisant partie du ROSAC, PSC répond aux critères du Suivi Alternatif Communautaire et a des ententes de services avec les différents CIUSSS de son territoire.

Philosophie

La particularité de notre organisme réside en la philosophie qui sous-tend la ressource, soit le suivi alternatif communautaire. Nous visons d’abord le mieux-être et l’autonomie de la personne pour lui permettre d’améliorer sa qualité de vie. Pour ce faire, nous offrons des services personnalisés, adaptés aux besoins de chacun.

Un concept-clé oriente notre travail : la personne est nécessairement engagée dans sa démarche. Nous travaillons avec la personne en relation horizontale axée sur le partage. Nous cherchons donc à rendre la personne le plus autonome possible, tout en l’éclairant dans ses choix et en la soutenant dans ses démarches. Nous élaborons avec elle un plan de suivi à partir des besoins qu’elle identifie. Il ne s’agit pas pour nous de prise en charge, mais bien de soutien et d’accompagnement.

Projet Suivi Communautaire ne travaille pas à partir d’une image préconçue de la personne. Cependant, certains principes partagés avec l’ensemble des organismes communautaires en santé mentale orientent nos pratiques :

  • Une conception globale de la personne : Tout au long du suivi, un travail est fait avec la personne pour évaluer les différents aspects qui définissent ses liens avec la communauté et avec son environnement.

  • L’appropriation du pouvoir d’agir (empowerment) : Ce processus d’appropriation comprend quatre dimensions (la participation, la compétence technique, l’estime de soi et la conscience critique).

  • Une qualité d’accueil et une qualité du lien : Cette exigence d’accueil laisse place à une participation de la personne sur une base libre et volontaire, et ce, dans le respect de son propre rythme et sans jugement.

  • Une action dans la communauté : Elle s’inscrit dans un projet de changement social. L’intervention ne vise pas seulement à améliorer la capacité d’adaptation de la personne, mais aussi à amorcer des changements dans la communauté pour faciliter l’intégration sociale des personnes.

  • Une alternative au discours de la bio-psychiatrie exclusive : Une des valeurs du mouvement communautaire est la défense de pratiques et d’approches diversifiées. En ce sens, nous contestons le recourt exclusif au modèle bio-psychiatrique pour répondre aux problèmes de santé mentale ainsi que la médicalisation des problèmes sociaux.